Le récit version laïque

S’il vous plait, ne voyez pas dans mes écrits un guide. Ce que vous êtes en train de lire, n’est pas un mode d’emploi, encore moins un modèle. Il s’agit simplement du partage sincère d’une expérience d’une mère, tissée au fil des années, avec ses élans, ses doutes, ses choix assumés et ses moments pleins de tendresse.

Si en me lisant, vous ressentez une culpabilité profonde ou même légère, fermez cet onglet de mon site, c’est que ce n’est pas encore le moment, pour vous, de lire mon vécu. 

Cela signifie peut-être que vous n’avez pas encore acquis cette confiance intérieure qui vous permettra de porter la maternité qui vous ressemble, celle qui naît de votre cœur et non du regard des autres. Et c’est parfaitement acceptable, car chacun doit aller à son rythme dans sa maternité.

Je ne souhaite pas être le reflet de vos blessures. Je ne suis pas là pour agiter vos regrets ou vos colères passées.

Je ne suis que cette voix douce qui vous parle de ce qui m’a construite comme mère, depuis le tout premier instant où ce désir d’enfant est né au plus profond de moi, jusqu’à aujourd’hui.

Ce rôle qui m’épanouit, ce rôle que j’ai choisi, dans lequel je me suis engagée, non par obligation, mais par amour et envie. Ce rôle qui, chaque jour, me pousse à me dévouer sans m’effacer, à grandir avec mes enfants sans jamais m’oublier.

Si vous souhaitez simplement marcher à mes côtés un petit bout de chemin, soyez les bienvenus ici.

Félicitations. Si vous lisez ces lignes, c’est que vous êtes déjà parent ou que vous avez choisi de le devenir. Rien que ce choix est immense, car il bouleverse une vie entière. Et si vous êtes déjà parent, vous savez sûrement à quel point cette mission est parfois rude, surtout dans une société saturée de jugements et d’injonctions contradictoires amplifiés par les réseaux sociaux.

Je crois profondément que pour être un parent apaisé, il faut d’abord avoir rencontré la confiance en soi. Sans elle, on est exposé avec fragilité à l’influence des autres, à la tentation de faire taire notre intuition, à oublier ce que notre cœur murmurait à propos du fait de prioriser le bien-être de notre enfant.

Pour ma part, malgré le bruit du monde, j’ai toujours marché sur le même sentier. Celui de la vie et de l’amour. Car comme si la maternité était une randonnée, je ne laisse pas les petits cailloux (remarques, critiques ou doutes) me faire quitter ce chemin.

Pour ma part, malgré les réseaux, je suis toujours restée sur le même chemin, un peu comme si mon rôle de mère était une randonnée et que je ne laissais aucun petit caillou me faire changer d'itinéraire.

Effectivement, je suis le chemin de la vie, mes enfants sont devant, car ils sont ma priorité et ils me montrent la route tandis que moi, je les suis, tout simplement.

Je suis celle qui les rattrape de justesse quand ils trébuchent.

Je suis celle qui leur donne la main quand ils découvrent.

Je suis celle qui les portent et les câlinent quand ils ont peur ou qu’ils sont tristes.

Je suis celle qui se courbe, se grandit ou s'adapte selon les situations de leurs vies.

Et defois, c'est moi qui tombe et eux qui viennent me relever, car je souhaite qu'ils sachent que la perfection n’existe pas, que je ne la cherche pas, et qu’ils n’ont aucune obligation d’y tendre non plus.

On peut avoir confiance en sa maternité et parfois avoir l'impression de se tromper et nos enfants sont les mieux placés pour nous donner la force de continuer et d'évoluer, voire de se remettre en question.

Être mère, c’est avoir confiance et douter tout à la fois. C’est se remettre en question en gardant sa ligne, c’est grandir avec ses enfants.

Jamais je ne passe devant eux sur le sentier. Je garde l’œil ouvert, j’adapte mon pas, je m’aligne sur leurs besoins, je ne leur impose pas mes choix, car ils n’ont pas demandé à naître.

Cela n'est pas un sacrifice de ma part, mais littéralement un dévouement qui m'épanoui.

Je me souviens, adolescente, avoir lu que de faire un enfant était un acte égoïste des adultes. Il y a sûrement une part de vérité là-dedans, mais alors, faisons en sorte que cet égoïsme soit assumé avec responsabilité, que ce choix soit transformé en don sincère, pour que jamais cela ne devienne un fardeau pour eux.

J'ai su que je voulais porter la vie à l'âge de onze ans.

Ce fut comme une révélation pour moi.

C'était quelque chose qui m'a rongé au fond de mes entrailles jusqu'à ce que j'aie su que j'allais être mère à l'âge de 19 ans, avant cela, je ressentais un vide et j’étais obstinée à devenir mère un jour.

Ce jour-là, je fus prise d'une émotion indescriptible, j'ai pleuré de bonheur, comme une bénédiction.

Depuis ce jour, j'ai toujours fait passer mes enfants avant moi, mais, sans pour autant m'oublier, mais je me nourris de leur bonheur et de leur réussite au quotidien.

Quand ils échouent, quand ils sont tristes, j'échoue avec eux, je partage leur tristesse, mais je suis le roc sur lequel ils peuvent compter pour les relever, je suis l'épaule sur laquelle ils peuvent pleurer, je suis celle avec qui ils peuvent parler, et cela, même quand je suis épuisée de ma journée.

Mais je suis réaliste, je suis aussi cette mère, qui peut être parfois ferme, mais toujours juste, comme l'écrivait la comtesse de Ségur dans les malheurs de Sophie.

Par fermeté, je parle de lever le ton, je ne parle aucunement de violence physique ou morale. Vous découvrirez par la suite que je suis au contraire, contre toute maltraitance sur enfant, je suis une fervente défenseuse des droits de l'enfant.

Disons surtout que j’essaye d’être toujours juste et aimante, jamais humiliante, à l'écoute, mais toujours en attente d'un respect mutuel. Ainsi, si le respect n'est pas présent, je ne peux pas réussir à offrir un amour et une écoute de qualités, car la colère brouille mes sentiments et je préfère, dans ce cas, mettre un terme à tout échange via un ton plus froid, mais jamais avec un mot qui blesse sciemment.

Dans ce genre de cas, mes enfants m'entendent, prennent de la distance, un temps de réflexion et reviennent une fois qu'ils sont dans le respect retrouvé pour qu'on puisse poursuivre l'échange.

Ils connaissent les limites de ma patience et je trouve cela important que mes enfants n'abusent pas non plus de cette dernière et respectent mon caractère comme je respecte le leur.

Pendant ce temps de recule, de mon côté aussi, j'ai pu souffler et faire redescendre la pression.

Je n'attends pas pour autant un pardon comme je ne leur offre pas, non plus un pardon, car on s'aime, et on se pardonne tout instinctivement. Je n'ai pas envie de me et leur rappeler le mauvais moment alors qu'un doux temps est en train de s'écrire entre mon enfant et moi. Quand l’harmonie revient, je la cueille et je la savoure, sans entacher ce moment d’un retour au passé.

Puis, je ne connais aucune bonne mère qui soit en colère contre son enfant, durant des heures pour une broutille. Le sommes-nous réellement en colère ? On aime tellement nos enfants même quand ils nous énervent terriblement que je ne suis pas certaine qu’on puisse appeler cela de la colère.

Parlons justement de l'amour qui est la source de mon éducation.

Depuis que mes enfants sont nés, je n'ai pas manqué une seule journée sans leur dire un je t'aime sincère. En échange, je n'attends pas d'eux qu'ils me disent je t'aime, car comme tout parent, j'ai dû faire des erreurs, j'en ferai sûrement encore dans le futur et on ne réclame pas un je t'aime comme on réclame un bonbon. L'amour ça se mérite.

Et je vais être sincère, je sais qu'ils m'aiment. Chacun à leur degré, mais ils m'aiment. Je n'ai pas besoin de l'entendre, je le ressens et cela vaut tous les mots et même tout l'or du monde.

Sachez qu'en dix-neuf années, j'ai été moult fois critiquée pour mon éducation prônant une éducation sans violence et à l'écoute des besoins de l'enfant, mais je n'ai jamais pour autant changé mon éducation, préférant subir les critiques plutôt que de délaisser l'intérêt supérieur de mes enfants, parce que je place leur dignité au cœur de mon rôle de mère.

Je préfère essuyer des critiques que de trahir ce en quoi je crois profondément.

Sachez que j'ai écrit tout un chapitre extrêmement détaillé sur mon enfance, mais ce dernier étant très intime, j'ai décidé de le garder pour mes propres enfants.

Pour autant, je suis certaine que la mère que je suis aujourd'hui, et la majeure partie des valeurs que je porte, sont directement liées à mon enfance. Il m’est par conséquent impossible de parler de mon cheminement maternel sans évoquer cette période de ma vie. Ce serait comme lire un livre sans son premier chapitre.

J’ai eu une enfance compliquée — pas tourmentée à mes yeux, simplement compliquée.

Le tout premier souvenir que j’ai de ma vie remonte à l’âge d’un an. Cela en dit long sur l’intensité de mon vécu.
J’en parlais récemment avec d’autres mamans, lors d’une journée de retraite et de repos.
L’une d’elles m’a confié à quel point elle était étonnée de la douceur avec laquelle je parlais de mon passé, et de la force tranquille que j’en retirais.

Et c’est vrai, je ne changerai rien.
Si je devais revivre mon enfance, je la reprendrais telle qu’elle a été, car c’est d’elle que je tire ma résilience, mon optimisme, et ma confiance.

Je pense que cette confiance en moi vient aussi de l’immense désir qu’avaient mes parents de m’avoir.
Fruit d’un amour sincère, je suis née après plusieurs années d’attente et de patience.
(La patience, cela dit, ne m’est pas venue par héritage. C’est un apprentissage que j’ai dû construire plus tard, une fois devenue mère. Mais cela fera l’objet d’un autre chapitre.)

Après trois années passées dans un cocon aimant, mon père est tombé gravement malade.
Ma mère a dû le quitter, et m’emmena avec elle en métropole.
Quitter l’homme qu’elle aimait, pour me protéger, recommencer de zéro, avec un tout jeune enfant dans les bras, sans ressource, je suis profondément admirative de ce qu’elle a fait.

 

Ce n’est pas une décision que toutes les mères prennent, même si cela semble évident, car c’est un acte d’amour, mais c’est sûrement de là que me viennent ma dévotion et ma force de mère.

Je n'ai pas vécu cette séparation comme un déchirement. Je me souviens encore de cette première neige bretonne alors qu'on venait tout juste d'arriver en métropole, je trouvais ça juste magnifique. Tant que j'avais ma maman auprès de moi, j'étais heureuse.

À notre arrivée, nous avons été hébergées dans un hangar familial en tôle, ce n’était pas isolé, il faisait froid, et pourtant, j’en garde un bon souvenir.

Cela n’a duré qu’un temps, la ville nous a proposé ensuite un logement social.
Ça n'a duré qu'un temps, heureusement, car la ville nous a proposé ensuite un logement social. J'étais fière car mon jardin, c'était la cour de l'école, je me sentais privilégié d'avoir les jeux rien que pour moi après les classes et durant les weekends.

Mais pour ma maman, c’était un quotidien difficile. Elle devait élever seule une petite métisse et à cette époque, ça n’était pas aussi courant comme cas de figure familial.
Parfois, elle allait me chercher de la viande dans la benne du supermarché. Je la vois encore escalader le portail comme wonderwoman. Quand on n'a que quatre ans, rien que cet acte ça rend fière de sa petite maman.

Concernant mon papa, il a tenté de m'enlever à trois reprises, on a dû déménager trois fois, j'avais une interdiction de quitter le territoire, mais je ne l'ai jamais mal vécu, ma maman a vraiment fait un beau travail de dialogue avec moi. Elle m’a protégée, mais elle m’a aussi expliqué, avec calme, avec vérité, elle ne m’a jamais rien caché.

Ma maman sera suffisante pour moi jusqu'à mes 16 ans. Les adultes autour de moi n'arrivaient pas à comprendre comment je pouvais me suffire que d'une mère et pourtant c'était réellement le cas. 

Je dis toujours qu'elle a su jouer à merveille les deux rôles, je n'ai manqué de rien, elle ne m'a pas élevé dans la violence, elle n'a jamais eu une mauvaise parole contre mon paternel, elle a trouvé un emploi dans chaque ville et alors même qu'elle avait peu de revenus, elle a su m'élever avec une force incroyable et de belles valeurs. 

Elle m’a offert une éducation riche de valeurs, de dignité et d’amour.

C’est aussi grâce à ce vécu que je suis aujourd’hui une mère optimiste, confiante, et profondément dévouée.

Pour moi, il était important pour avancer sereinement dans ma maternité de pardonner au passé en transformant les peines en force et en me rappelant des preuves d’amour. 

Ce chapitre est, je pense, l’un des plus délicats à écrire parce qu’il touche à un sujet que l’on n’aborde plus si facilement de nos jours, soit celui de la foi.
Nous vivons à une époque où les religions sont souvent malmenées, et où l’on parle plus aisément des croyances pour les critiquer que pour en écouter les nuances et les métaphores. 

Et pourtant, je ne pouvais pas vous partager mon cheminement maternel sans vous parler de ma foi, car ma maternité, ma douceur, ma résilience et ma dévotion, je les dois aussi à ma foi. C’est même une des fondations de mon éducation parentale. 

Je vous ai partagé plus tôt que mon enfance fut à la fois compliquée et merveilleuse.
Je baignais dans l’amour de ma mère, un amour profond, lumineux, et structurant.
Mes deux parents venaient de familles catholiques très croyantes et pratiquantes, mais ils avaient choisi, pour moi, un chemin plus libre, plus distant de la religion.
Ils ont décidé de ne pas me baptiser, ni de m’élever dans la foi, afin que je sois libre de choisir.
Je ne les ai jamais vus prier, ni même franchir les portes d’une église jusqu’au jour où je suis devenue mère à mon tour.

C’est donc seule que j’ai découvert la foi, sans pression, mais aussi sans modèle.

J’avais 9 ans et j’étais ce genre d’enfant qui dévorait les livres de la bibliothèque.
J’étais curieuse, assoiffée d’histoires et un jour, parmi tant d’autres ouvrages, j’ai emprunté une Bible.

Pour l’anecdote, à la même époque, j’apprenais à lire le russe via un manuel trouvé par hasard aussi à la bibliothèque.
C'est-à dire à quel point ma soif de compréhension du monde était immense.

Je me suis donc plongée dans la lecture des Écritures et j’ai été touchée en plein cœur.

Dans ces pages, je reconnaissais tout ce que ma maman m’avait transmis sans jamais le nommer : l’amour du prochain, le respect, la patience, la bienveillance, le goût du pardon, le discernement entre le bien et le mal. Je me souviens m’être dit : “Mais c’est ce que je vis déjà !”

Et ce qui m’a marquée, profondément, c’est aussi la place forte accordée aux femmes dans les récits bibliques. Des femmes courageuses, décidées, appelées à agir et à guider. C’était pour moi une révélation, et une réponse à bien des élans que je portais déjà.

Je l’ai relue une seconde fois, pour être certaine, puis j’ai demandé à ma maman de m’emmener à la messe. Ce qu’elle a fait, avec beaucoup de respect. Chaque dimanche, elle m’accompagnait jusqu’à la porte de l’église et là, j’y ai découvert des visages familiers : des gens simples, bons, joyeux, bienveillants, comme elle et moi.

Ce besoin d’amour, d’écoute, de don de soi, je crois que je le portais depuis toujours.

Quand j’avais cinq ans, je disais à tout le monde que je voulais devenir bonne sœur.
Ma maman en riait avec tendresse, ne comprenant pas d’où venait cette idée, elle qui ne m’avait jamais parlé de Dieu et pourtant, c’était déjà là.

J’ai ensuite suivi quelques années de catéchèse et vingt-neuf ans plus tard, je suis toujours une croyante pratiquante.
Je prie dans les bons comme dans les mauvais moments, je vais à la messe chaque dimanche et surtout, je vis avec la certitude douce d’une présence bienveillante à mes côtés.

À 11 ans, j’ai ressenti un appel tout aussi fort que ma foi :  celui de devenir mère.
C’était un manque inexplicable, une évidence, une vocation et j’ai su que cela serait le sens de ma vie, et que ce jour viendrait.

Je le suis devenue quatre fois.

Toutefois, malgré mon engagement dans la foi, j’ai fait un choix étonnant pour beaucoup,
je n’ai pas imposé ma religion à mes enfants, car je voulais qu’ils puissent trouver leur foi par eux-mêmes, comme moi, à neuf ans, par curiosité, par soif, par révélation.

Évidemment, ils entendent mes musiques de Glorious à la maison, ils savent que je vais à la messe et ils me voient parfois prier, mais je veux qu’ils soient libres de choisir et que s'ils deviennent croyants, cela vient du cœur et pas par habitude.

Aujourd’hui, deux de mes enfants sont croyants, et ils le sont devenus via des rencontres extérieures à notre foyer, un de mes enfants est non-croyant, mais il porte des valeurs magnifiques.
Le dernier est encore trop jeune, vit sa vie d’enfant sans question spirituelle et c’est très bien ainsi.

Je n’ai pas imposé non plus ma foi à mon mari. Il est non croyant, mais il respecte ma foi.
Nous avons construit notre couple sur le dialogue, le respect mutuel et la liberté intérieure.
Il sait que la foi fait partie de ma vie, je sais que l’absence de croyance fait partie de la sienne et cela ne nous divise pas depuis 20 ans. C’est même une richesse de notre couple.

 

Nous nous rejoignons dans les valeurs, dans la façon d’éduquer nos enfants avec bienveillance, dans notre vision commune de ce que signifie aimer, soutenir, et élever, et si parfois, nous ne croyons pas aux mêmes choses, nous croyons en la même famille.

Ce que j’ai transmis à mes enfants, en revanche, sans compromis, ce sont les valeurs de la Bible qui sont des valeurs humaines, puissantes et universelles.

Des valeurs que mes parents m’ont transmises, qu’ils avaient eux-mêmes reçues de leurs parents, et qui, j’en suis convaincue, font de nous des êtres capables d’aimer, de respecter et de servir sans juger.

J’aime dire que les lois humaines changent, mais que les valeurs bibliques, elles, demeurent.

Par exemple : l’adultère, autrefois répréhensible par la loi, est aujourd’hui souvent relativisé.
Mais dans la Bible, c’est toujours un péché,non pas pour punir, mais pour rappeler l’importance de la fidélité, du respect, du lien profond qui unit deux êtres.

Je veux que mes enfants sachent cela, pas pour juger ou imposer, mais pour transmettre un socle qui leur permettra de marcher droit, avec cœur, avec sens.

Les valeurs que je partage à mes enfants ce sont des lumières pour les jours gris et
des racines pour les jours de tempête.

Et si ma foi reste intime, silencieuse parfois, elle est là, dans chaque geste d’amour,
dans chaque mot doux soufflé à mes enfants, dans chaque choix éducatif inspiré par le respect, l’espérance et la justice.

Entrons à présent dans le cœur de ce que j’appelle mon éducation.

Il existe autant d’éducation qu’il existe de famille, aucune éducation parentale ne se ressemble à 100%, on a tous des petites variations qui nous sont propres.
Pourtant, il me semble impossible de ne pas commencer par un sujet qui suscite, encore et toujours, débats et jugements, la présence parentale, pourtant, pour moi, la présence d’un parent est une chose hyper importante.

Nous faisons naître des enfants dans une société qui ne parais plus vraiment savoir comment accueillir l’enfance.
Aussitôt sortis du ventre, les bébés sont confiés à une tierce personne, pas toujours par choix, souvent par contrainte financière et ce qui devrait être exceptionnel devient normal, soit confier dès les premiers mois un tout-petit à quelqu’un d’autre, extérieur à la cellule familiale.

Et pourtant toutes les études en psychologie du développement le confirment depuis des décennies, les premières années de l’enfant sont fondatrices, et pour s’épanouir sereinement, un jeune enfant a besoin de présence, d’attachement sécurisé, de constance affective, et donc de ses parents qui devraient jouer en priorité ce rôle-là.

Au lieu d’encourager et d’accompagner les familles, notre société culpabilise les parents qui choisissent d’être présents au foyer.
Dans certains pays nordiques, être parent à temps plein est valorisé, reconnu, soutenu, tandis qu’en France, c’est parfois vu comme un luxe, ou pire, comme un manque d’ambition personnelle.

Le congé parental, autrefois protecteur, est peu à peu grignoté, les aides pour lesquelles les parents ont cotisé diminuent et les discours culpabilisants se multiplient.

Et pourtant, le bon sens et l’observation suffisent à constater que cette absence prolongée de présence parentale a des conséquences sur les adultes en devenir comme un manque d’éducation, des addictions aux écrans et aux drogues, des résultats scolaires en baisse etc.

Je dis cela avec tendresse, mais aussi avec lucidité, deux parents qui travaillent, à temps plein à l'extérieur de la maison, ne peuvent pas offrir à leurs enfants, tous les jours, une éducation basée sur l’écoute profonde, la patience, les petits plats maison, une maison paisible, des lectures partagées, des promenades en pleine nature, des échanges et de la disponibilité affective et cela, 7 jours sur 7, 24h sur 24 sans se plaindre de sa charge mentale ou sans lever la voix.

Ce n’est pas une critique, c’est un fait. Après une journée de travail, la fatigue prend le dessus, la nervosité surgit, la patience s’effrite même chez les parents les plus investis au monde.

Je tiens à le préciser clairement qu’aucune critique présente dans mes écrits ne vise les parents. Jamais je ne jetterai la pierre à un père ou une mère qui travaille à l’extérieur du foyer, car je sais à quel point la plupart d’entre eux font de leur mieux, avec ce qu’ils ont, dans les conditions qui leur sont imposées.

Ma réflexion, ici, vise la société dans son ensemble, c’est elle que je questionne, c’est elle que je déplore parce que jamais, il n’aurait dû devenir une normalité que, dans un foyer dans lequel un nourrisson ou un jeune enfant est présent, les deux parents soient contraints de travailler à temps plein pour simplement joindre les deux bouts.

Cela ne devrait pas être une norme, cela ne devrait pas être une obligation économique, cela devrait être un choix libre, jamais dicté par la pression financière ou institutionnelle.

Je crois profondément que jusqu’à l’âge de la scolarisation, un enfant devrait pouvoir être gardé par un parent qui porte les valeurs du foyer, parent au sens large : père, mère, grands-parents, tante, parrain, marraine…
Puis, même après, il devrait trouver un parent à la maison lorsqu’il pousse la porte de sa maison.

Pour se confier, pour demander de l’aide sur ses devoirs, pour parler de sa journée, pour rire et pleurer, pour jouer ou juste pour exister, en paix.

Je ne comprends toujours pas comment, dans d’autres pays, les horaires de travail sont pensés pour s’harmoniser avec ceux de l’école alors qu’en France, cela semble incompatible par défaut.

Et pourtant, cela serait parfaitement envisageable, il suffirait de revoir les priorités.
Non pas en imposant des choix aux familles, mais en leur offrant enfin de vraies options, pas entre deux sacrifices, mais entre deux équilibres possibles.

Je crois que cette conviction vient aussi de ce que j’ai vécu, petite.
Ma maman m’a élevée jusqu’à ma scolarisation à l’âge de deux ans et demi. 

Ensuite, elle a toujours été présente, à la maison, jusqu’à mon entrée en quatrième où elle a trouvé un emploi qui ne lui permettait plus d’être là à mon retour, mes notes ont chuté.
Inconsciemment, sa présence me rassurait.

Je pouvais lui demander de l’aide, je pouvais lui raconter ma journée, je faisais des parties de scrabbles avec elle, je savais qu’elle serait là et cela suffisait à concevoir une motivation dans ma scolarité, j’ai redoublé.

Aujourd’hui, avec le recul, je comprends à quel point l’accompagnement d’un parent est essentiel, pas seulement pour la réussite scolaire, mais pour l’épaulement émotionnel, le développement de la confiance, la sensation d’être aimé sans condition, et sans délai. 

L’école, le collège, le lycée, cela n’est pas facile pour tous les enfants, certains ont besoin d’un parent après les classes, mais pas que pour les devoirs.

Sincèrement, je souhaite à mes enfants de pouvoir profiter pleinement de leurs jeunes enfants, lorsqu’ils deviendront parents à leur tour et de pouvoir être présents auprès d’eux le plus souvent possible.
Je souhaite que mes filles, si elles choisissent d’enfanter, puissent se remettre de l’accouchement en toute sérénité, et bien au-delà, dans un temps respectueux du corps et de l’esprit, si elles souhaitent allaiter, qu’elles puissent le faire sereinement et que mes fils, s’ils deviennent pères, puissent être des soutiens solides, aimants et patients, capables d’accompagner leur conjointe jusqu’à ce qu’elle puisse, enfin, mettre le pied à terre et gambader en forêt.

Si l’un des quatre, souhaitent accompagner leur enfant en étant présent, qu’il puisse le faire. 

J’ai été cette mère et je le suis toujours qui choisit la présence.

Quand mon premier enfant était scolarisé, j’étais toujours à la maison quand il rentrait le soir. C’était son souhait, mais c’était aussi le mien. Je voulais pouvoir l’accompagner dans sa scolarité, mais plus encore, l’accompagner dans sa vie.

Ce n’est pas en voyant son enfant deux heures par jour qu’on le connaît à 200 % alors, imaginez si je n’avais pas été présente, je ne l’aurais aperçu que durant les week-ends ? Cela est inimaginable à mes yeux.

Aujourd’hui, je vois les fruits de mon choix, notre lien est fort, profond, respectueux et mon cœur est apaisé, car ce premier enfant, désormais jeune adulte, vient de terminer sa première année d’études loin de la maison, épanoui, autonome, confiant.

Je vois aussi le fruit de ma présence sur mes autres enfants, ils réussissent à aller au bout de leurs projets, avec mon soutien et cela me conforte dans le fait qu’il faille accompagner son enfant autant que possible, mais pour cela, il faut une société qui comprenne que la présence parentale est essentiel et pas sujet à critique. 

Parmi toutes les vertus que l’on souhaite transmettre à ses enfants, il en est une que l’on évoque souvent, parfois même plusieurs fois par jour, sans toujours réaliser à quel point nous-mêmes avons du mal à l’incarner et c’est la patience.

Combien de fois avons-nous demandé à nos enfants d’attendre sagement que l’on finisse une tâche, de patienter encore cinq minutes avant de sortir, de rester tranquilles dans la voiture, ou de ne pas s’impatienter à table, tout en les pressant constamment pour qu’ils se dépêchent de mettre leurs chaussures, pour ranger leurs jouets, pour finir leur assiette ou pour se préparer plus vite ?

Combien de fois avons-nous nous-mêmes perdu patience, non pas parce qu’ils faisaient preuve de mauvaise volonté, mais simplement parce qu’ils suivaient leur propre rythme, bien différent du nôtre ?

Il m’a fallu du temps pour comprendre que les enfants ne peuvent pas apprendre la patience uniquement par les mots. On peut leur répéter dix fois par jour "sois patient", mais si, en parallèle, nous incarnons le stress, l’agacement, l’empressement ou la tension, alors ce sont ces émotions qu’ils retiendront et reproduiront, bien plus que nos conseils.

Il faut saisir le fait que les enfants apprennent bien davantage par l’exemple que par l’injonction, et c’est en cela que nous avons une responsabilité, si je veux que mes enfants deviennent des adultes patients, alors je dois leur montrer la voie, et apprendre, moi-même, à faire preuve de patience dans mes paroles, dans mes gestes, dans ma manière de les accompagner.

Et je ne parle pas ici d’un idéal de calme inaccessible, mais d’un cheminement réel, lent, construit, et surtout, transformateur.

Je l’ai appris au fil des années de ma parentalité, et sans doute plus intensément avec mon premier enfant, celui avec qui on découvre ce qu’est vraiment la maternité, dans toutes ses contradictions, ses tâtonnements, ses attentes et ses émerveillements.

Quand je suis devenue mère, je n’étais pas une femme patiente, j’étais même plutôt l’inverse. Je voulais que tout aille vite, que tout soit fluide, que rien ne traîne. J’ai élevé mon premier enfant dans cette dynamique de vitesse. Je le pressais du matin au soir, parfois sans même m’en rendre compte, pour s’habiller, pour manger, pour aller faire la sieste, pour sortir, pour se brosser les dents, pour se rendre à l’école…

Et chaque moment de tension naissait de ce rythme effréné imposé.
Il opposait résistance, bien sûr, comme tout enfant sain le ferait face à une pression qu’il ne comprend pas et moi, je m’épuisais à vouloir que tout rentre dans des cases bien serrées à la seconde.

Le soir venu, je tombais de fatigue, convaincue que mon fils était un enfant difficile, alors qu’en réalité, c’est moi qui ne lui avais pas laissé l’espace d’être un enfant.

Je ne lui avais pas accordé ce droit fondamental d’évoluer à son propre rythme, d’exister sans pression, de découvrir le monde sans empressement.

Et puis un jour, j’ai décidé de changer d’apprendre la patience.

Je ne me souviens qu’il était en petite section et que j’étais persuadée que cette décision était la bonne.

Dès lors, j’ai revu mon organisation quotidienne, j’ai repensé mes priorités, j’ai accepté que certaines choses prennent plus de temps, que les tâches ne soient pas toujours faites dans l’instant, que le monde ne s’effondrerait pas si une paire de chaussures met trois minutes de plus à être enfilée.

Et surtout, j’ai appris à ne pas m’agacer dès que la situation échappait à ma maîtrise.
J’ai appris à dialoguer, à expliquer, à accompagner sans contraindre.

Dès lors que je sentais l’agacement prendre petit à petit de la place en moi, je faisais quelque chose qui m’apaisait, comme aller prendre une grande bouffée d’oxygène dans le jardin afin de ne pas laisser mes émotions prendre le dessus.

Le changement fut radical, mon fils s’est détendu, les oppositions ont diminué, nos journées sont devenues plus douces, plus harmonieuses.
Je découvrais que, plus je lui offrais ma patience, plus il gagnait en autonomie, en sérénité et en coopération.

La patience ne signifie pas tout laisser faire, cela ne veut pas dire renoncer à nos exigences ou à nos valeurs éducatives.
Elle signifie simplement que le chemin est aussi important que le but et que l’enfant a le droit d’apprendre à son rythme, sans que nous le rendions coupable de ne pas répondre immédiatement à nos attentes d’adulte.

J’ai découvert que la patience ouvre au dialogue, le dialogue à la coopération, et la coopération au respect mutuel.
C’est un cercle vertueux que je n’échangerais pour rien au monde.

Je ne suis pas devenue patiente en une nuit.
Cela m’a demandé un réel travail sur moi-même, un réajustement de mes pensées, une transformation profonde de mon mode de vie et cela durant plusieurs années. 

J’ai appris à me lever plus tôt pour ne pas presser les enfants au réveil, à prévoir plus de marge dans mon emploi du temps pour éviter le stress des imprévus, à ne pas réagir immédiatement avec agacement quand une consigne n’est pas suivie, à ne pas m’énerver face à un “non”, à m’occuper durant l’attente et cela a tout changé, non seulement dans ma relation à mes enfants, mais aussi dans ma propre qualité de vie. Je n’ai jamais été aussi sereine que depuis où j’ai appris à être une femme patiente, envers moi-même, envers les miens et envers les autres.

J’ai compris que la patience est une forme de paix, une paix que l’on cultive, que l’on choisit, même dans les tempêtes et qu’un foyer où la patience est cultivée est un foyer dans lequel les enfants se sentent écoutés, respectés et valorisés.

Et pour toi qui lis ces mots en espérant y trouver une solution toute faite, je te le dis avec douceur, ici, il n’y a pas de formule magique. Ce que tu lis, ce sont des morceaux de mon chemin, pas une marche à suivre, chaque parent avance avec ce qu’il est, avec ce qu’il vit, avec ce qu’il peut. 

Mes mots sont des bras tendus, pas des injonctions, ils sont des partages de cœur, jamais des leçons.

Date de dernière mise à jour : 16/06/2025

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