Entrons à présent dans le cœur de ce que j’appelle mon éducation.
Il existe autant d’éducation qu’il existe de famille, aucune éducation parentale ne se ressemble à 100%, on a tous des petites variations qui nous sont propres.
Pourtant, il me semble impossible de ne pas commencer par un sujet qui suscite, encore et toujours, débats et jugements, la présence parentale, pourtant, pour moi, la présence d’un parent est une chose hyper importante.
Nous faisons naître des enfants dans une société qui ne parais plus vraiment savoir comment accueillir l’enfance.
Aussitôt sortis du ventre, les bébés sont confiés à une tierce personne, pas toujours par choix, souvent par contrainte financière et ce qui devrait être exceptionnel devient normal, soit confier dès les premiers mois un tout-petit à quelqu’un d’autre, extérieur à la cellule familiale.
Et pourtant toutes les études en psychologie du développement le confirment depuis des décennies, les premières années de l’enfant sont fondatrices, et pour s’épanouir sereinement, un jeune enfant a besoin de présence, d’attachement sécurisé, de constance affective, et donc de ses parents qui devraient jouer en priorité ce rôle-là.
Au lieu d’encourager et d’accompagner les familles, notre société culpabilise les parents qui choisissent d’être présents au foyer.
Dans certains pays nordiques, être parent à temps plein est valorisé, reconnu, soutenu, tandis qu’en France, c’est parfois vu comme un luxe, ou pire, comme un manque d’ambition personnelle.
Le congé parental, autrefois protecteur, est peu à peu grignoté, les aides pour lesquelles les parents ont cotisé diminuent et les discours culpabilisants se multiplient.
Et pourtant, le bon sens et l’observation suffisent à constater que cette absence prolongée de présence parentale a des conséquences sur les adultes en devenir comme un manque d’éducation, des addictions aux écrans et aux drogues, des résultats scolaires en baisse etc.
Je dis cela avec tendresse, mais aussi avec lucidité, deux parents qui travaillent, à temps plein à l'extérieur de la maison, ne peuvent pas offrir à leurs enfants, tous les jours, une éducation basée sur l’écoute profonde, la patience, les petits plats maison, une maison paisible, des lectures partagées, des promenades en pleine nature, des échanges et de la disponibilité affective et cela, 7 jours sur 7, 24h sur 24 sans se plaindre de sa charge mentale ou sans lever la voix.
Ce n’est pas une critique, c’est un fait. Après une journée de travail, la fatigue prend le dessus, la nervosité surgit, la patience s’effrite même chez les parents les plus investis au monde.
Je tiens à le préciser clairement qu’aucune critique présente dans mes écrits ne vise les parents. Jamais je ne jetterai la pierre à un père ou une mère qui travaille à l’extérieur du foyer, car je sais à quel point la plupart d’entre eux font de leur mieux, avec ce qu’ils ont, dans les conditions qui leur sont imposées.
Ma réflexion, ici, vise la société dans son ensemble, c’est elle que je questionne, c’est elle que je déplore parce que jamais, il n’aurait dû devenir une normalité que, dans un foyer dans lequel un nourrisson ou un jeune enfant est présent, les deux parents soient contraints de travailler à temps plein pour simplement joindre les deux bouts.
Cela ne devrait pas être une norme, cela ne devrait pas être une obligation économique, cela devrait être un choix libre, jamais dicté par la pression financière ou institutionnelle.
Je crois profondément que jusqu’à l’âge de la scolarisation, un enfant devrait pouvoir être gardé par un parent qui porte les valeurs du foyer, parent au sens large : père, mère, grands-parents, tante, parrain, marraine…
Puis, même après, il devrait trouver un parent à la maison lorsqu’il pousse la porte de sa maison.
Pour se confier, pour demander de l’aide sur ses devoirs, pour parler de sa journée, pour rire et pleurer, pour jouer ou juste pour exister, en paix.
Je ne comprends toujours pas comment, dans d’autres pays, les horaires de travail sont pensés pour s’harmoniser avec ceux de l’école alors qu’en France, cela semble incompatible par défaut.
Et pourtant, cela serait parfaitement envisageable, il suffirait de revoir les priorités.
Non pas en imposant des choix aux familles, mais en leur offrant enfin de vraies options, pas entre deux sacrifices, mais entre deux équilibres possibles.
Je crois que cette conviction vient aussi de ce que j’ai vécu, petite.
Ma maman m’a élevée jusqu’à ma scolarisation à l’âge de deux ans et demi.
Ensuite, elle a toujours été présente, à la maison, jusqu’à mon entrée en quatrième où elle a trouvé un emploi qui ne lui permettait plus d’être là à mon retour, mes notes ont chuté.
Inconsciemment, sa présence me rassurait.
Je pouvais lui demander de l’aide, je pouvais lui raconter ma journée, je faisais des parties de scrabbles avec elle, je savais qu’elle serait là et cela suffisait à concevoir une motivation dans ma scolarité, j’ai redoublé.
Aujourd’hui, avec le recul, je comprends à quel point l’accompagnement d’un parent est essentiel, pas seulement pour la réussite scolaire, mais pour l’épaulement émotionnel, le développement de la confiance, la sensation d’être aimé sans condition, et sans délai.
L’école, le collège, le lycée, cela n’est pas facile pour tous les enfants, certains ont besoin d’un parent après les classes, mais pas que pour les devoirs.
Sincèrement, je souhaite à mes enfants de pouvoir profiter pleinement de leurs jeunes enfants, lorsqu’ils deviendront parents à leur tour et de pouvoir être présents auprès d’eux le plus souvent possible.
Je souhaite que mes filles, si elles choisissent d’enfanter, puissent se remettre de l’accouchement en toute sérénité, et bien au-delà, dans un temps respectueux du corps et de l’esprit, si elles souhaitent allaiter, qu’elles puissent le faire sereinement et que mes fils, s’ils deviennent pères, puissent être des soutiens solides, aimants et patients, capables d’accompagner leur conjointe jusqu’à ce qu’elle puisse, enfin, mettre le pied à terre et gambader en forêt.
Si l’un des quatre, souhaitent accompagner leur enfant en étant présent, qu’il puisse le faire.
J’ai été cette mère et je le suis toujours qui choisit la présence.
Quand mon premier enfant était scolarisé, j’étais toujours à la maison quand il rentrait le soir. C’était son souhait, mais c’était aussi le mien. Je voulais pouvoir l’accompagner dans sa scolarité, mais plus encore, l’accompagner dans sa vie.
Ce n’est pas en voyant son enfant deux heures par jour qu’on le connaît à 200 % alors, imaginez si je n’avais pas été présente, je ne l’aurais aperçu que durant les week-ends ? Cela est inimaginable à mes yeux.
Aujourd’hui, je vois les fruits de mon choix, notre lien est fort, profond, respectueux et mon cœur est apaisé, car ce premier enfant, désormais jeune adulte, vient de terminer sa première année d’études loin de la maison, épanoui, autonome, confiant.
Je vois aussi le fruit de ma présence sur mes autres enfants, ils réussissent à aller au bout de leurs projets, avec mon soutien et cela me conforte dans le fait qu’il faille accompagner son enfant autant que possible, mais pour cela, il faut une société qui comprenne que la présence parentale est essentiel et pas sujet à critique.