C'était un dimanche de septembre 2021, une journée simple, ordinaire. Nous venions de flâner dans un vide-grenier quand, sur la route du retour, Cheridoux s’est exclamé : "Regarde, il y a une reproduction de la grotte de Lourdes !" Intrigués, curieux, nous avons fait demi-tour sans trop réfléchir. On ne savait pas encore que ce petit détour allait nous mener vers un lieu de miracles.
Cheridoux ne partage pas ma foi chrétienne, il croit en quelque chose de personnel, d’intime. Et cela n’a jamais été un sujet de discorde entre nous. Au contraire, notre couple est fondé sur le respect de l’autre, de ses croyances, de ses silences aussi. Mais s’il y a bien une chose que nous avons en commun, c’est notre passion pour le patrimoine religieux. Ces lieux ont une âme, une histoire, une présence.
Nous avons donc dépassé cette fameuse grotte sans nous arrêter, malheureusement, car nous devons désormais y retourner pour la découvrir.
Mais, c’était comme si une force douce, mais insistante nous poussait à aller plus loin. Là, dans un écrin de verdure presque secret, nous avons découvert la Fontaine Saint-Joseph, nichée au Dresny, hameau de Plessé.
Ce lieu est étonnant, il y règne une atmosphère paisible.
Ce qui nous a le plus frappé, c’est l’histoire du tout premier miracle qui y aurait eu lieu vers 1850, une petite fille infirme, installée sur une charrette, demande à son père de s’arrêter en voyant un lys blanc fleurir au milieu des ronces. En descendant seule du véhicule, elle commence à marcher, guérie, sans explication, sans bruit.
Un autre événement marquant eut lieu en 1892. Jean Guillet, un garçon de 12 ans originaire de Guenrouët, tomba à travers un pont en bois qui enjambait un fossé rempli d’eau, nommé localement « la douve ». Il fut secouru avec une jambe gravement blessée. Malgré l’intervention de plusieurs médecins sur une année entière, aucune amélioration ne fut constatée. Pour l’aider à se déplacer, son père lui fabriqua deux béquilles en bois de châtaignier. Face à l’impasse médicale, sa mère choisit de se tourner vers ce qu’elle appelait le docteur du ciel. Elle se rendit alors, pieds nus, jusqu’au hameau du Dresny. Elle entreprit plusieurs pèlerinages, suivant chaque fois le même chemin : prière à l’église, puis marche en prière jusqu’à la fontaine. Hélas, à chaque retour, l’état de Jean restait inchangé. Résolue, elle décida un jour de conduire elle-même son fils à la fontaine. Le père attela la jument, installa Jean sur une charrette et tous trois firent le voyage. Lors de cette première tentative, rien ne se produisit. Mais la seconde fois, Jean annonça avec une foi troublante : « C’est aujourd’hui que je rentre guéri. » Arrivés à la fontaine, ses parents le plongèrent dans la piscine… Et le miracle se produisit : Jean se leva, joyeux, et remonta seul dans la voiture, laissant derrière lui l’une de ses béquilles en offrande. Il ne souffrit plus jamais de sa jambe.
Depuis ce jour, la dévotion à Saint Joseph s’est intensifiée en ce lieu. De nombreux fidèles continuent d’y venir, espérant recevoir, eux aussi, une grâce.
La fontaine, jadis dissimulée sous les ronces, fut mise en valeur en 1892 par l’Abbé Apiais, curé de la paroisse. Il fit aménager un chemin d’accès d’environ 400 mètres pour rendre ce lieu accessible. Plus de vingt guérisons inexpliquées y ont été rapportées depuis.
Les premiers pèlerinages officiels débutèrent avec le curé Massé, le 19 mars 1897, ainsi que chaque troisième dimanche après Pâques. Cette tradition se perpétue encore aujourd’hui, dans la ferveur et l’espérance.
Je ne crois pas aux coïncidences. Ce jour-là, je suis convaincue que nous devions être là, au bon moment, au bon endroit. Peut-être que ce miracle n’était qu’un hasard, peut-être pas. Mais ce qui est sûr, c’est que ce lieu porte les empreintes de nombreux merci, gravés sur des plaques, écrits à l’ombre de la pierre. Et pour moi, dans ces remerciements, il y a bien plus que des mots, i y a une certitude, celle que l’espoir fait vivre.
Et pour l'anecdote, je venais d'apprendre que j'étais enceinte de l'Oisillon.
Un lieu discret, sincère, que je vous invite à découvrir à votre tour, croyant ou non.
