Si vous faites le calcul, j'ai laissé passer six ans de la vie de mon enfant avant de savoir exactement pourquoi elle n'avait pas le même comportement - réaction que les autres enfants de son âge.
Sans l'instruction en famille, peut-être que je n'aurais jamais su le pourquoi du comment.
Ma dernière a été scolarisée en TPS et PS (donc de 3 ans à 4 ans).
Tous les matins, pour la lever, cela était une bataille.
Tous les matins, je l'emmenais à l'école en la tirant par le bras et je devrais prendre sur moi pour supporter ses pleurs, car elle ne voulait pas aller à l'école.
Tous les soirs, pour la coucher cela était un enfer.
Face aux émotions, elle criait !
En classe, elle sautait !
Et pour autant, à l'école, elle avait une excellente scolarité !
Mais, en dehors de son cocon école ou maison, elle ne parlait à aucun inconnu.
J'avais beau parler de ses cris ou de son mutisme aux institutrices, personne n'a su comment m'aider.
Seul point positif, son institutrice de Ps, lui avait autorisé à sauter en classe quand elle en ressentait le besoin, ce qui lui a permis de suivre une petite section sans-souci.
Merci à elle !
Je me sentais désarmée face à ma fille, j'avais pourtant toujours été très proche d'elle puisque c'était une enfant cododo et allaitée jusqu'à l'âge de 3 ans.
En plus de devoir vivre avec le comportement de mon enfant, je devais aussi gérer les regards de certains parents d'élèves voir parfois certaines réflexions, on m'a même dit une fois que mon enfant n'était pas « normal » de crier ainsi.
Aujourd'hui, je sais que finalement, la normalité ce n'est pas pour elle et c'est effectivement très bien ainsi.
Puis, je me suis lancée dans l'instruction en famille.
À la base pour voyager durant un an.
Un an durant lequel, elle n'a pas fait de scolarité et donc elle n'a pas fait de moyenne section non plus puisque j'ai profité de cette année pour réellement apprendre à connaître mon enfant.
À 5 ans, elle suivait le programme de cp, elle savait lire et son savoir en science était égal à celui d'un collégien.
Au bout d'un an d'I.E.F., même si l'instruction en famille avait permis à ma fille de sortir de son mutisme et que 15 jours après sa déscolarisation elle s'est mise spontanément à parler aux inconnus comme si on l'avait libérée d'un poids, j'avais décidé de taper à la porte d'une psychologue.
Pourquoi ? Car j'avais besoin d'aide.
De là, va s'en suivre 14 mois de suivi psychologique où son adorable psychologue va l'aider à gérer ses émotions et à mettre des mots sur ses maux.
Elle lui a aussi fait passer le WISCV et il s'est révélé qu'elle était intellectuellement précoce.
Sa gérance des émotions, son trouble du sommeil, son franc-parler, son besoin de bouger, son refus d'écrire, tout était lié à cette précocité.
Je dois avouer que le jour où j'ai eu les résultats entre les mains, notre vie a changé.
Je me suis remise en question, j'ai remis en question la normalité d'une scolarité basique et j'ai refait tout un programme scolaire rien que pour elle.
J'ai analysé les tableaux de fonctionnement de son cerveau et j'ai mis en place une instruction qui soit faite rien que pour elle.
À partir de là, je n'ai plus eu de refus dans les apprentissages puisque tout était adapté pour que son cerveau assimile et mémorise les informations rapidement sans être bloqué.
Elle sait qu'elle a le droit d'apprendre assise par terre, accroupie sur une chaise, en se basculant sur le rocking-chair, en sautant dans le jardin ou allongée sur mon lit.
Dans son planning, elle a 4 h 30 de sport hebdomadaire qui lui a permis de gérer son hyper activité et son rythme de sommeil sans avoir eu besoin d'utiliser de médicament.
Désormais, elle se couche-tôt et se lève tôt.
Grâce à la psychologue, elle ne crie plus, un réel bonheur pour mes oreilles, mais aussi pour ma fille qui sait mettre des mots sur des émotions.
Pour autant, son cerveau ne voit encore aujourd'hui, aucun intérêt dans l'écriture, mais elle écrit tout de même un petit peu tous les jours.
Certains enfants précoces se retrouvent face à un blocage de l'écriture et je suis là pour l'aider, au quotidien.
Je lui ai expliqué que l'écriture lui serait nécessaire plus tard.
Par conséquent, je lui demande d'écrire 10 mots par jour ou une longue phrase.
Mon but est de demander à son cerveau de ne pas rester sur ses facilités et d'aller chercher plus loin.
Pour autant, l'écriture n'a pas été un frein lors de sa dernière inspection.
L'inspectrice a pris en compte sa précocité, elle l'a entendu parler spontanément en anglais, elle a vu qu'elle savait lire, qu'elle avait un an d'avance, qu'elle arrivait à suivre un programme de niveau CE1 sans avoir fait de moyenne section ni de grande section.
Bref, tout c'est très bien passé.
Quand l'inspectrice a demandé à ma fille si elle voulait aller à l'école, elle lui a répondu que oui à condition qu'on utilise les manuels et cartes de nomenclatures de maman, l'inspectrice lui a dit que cela était impossible.
Et pourtant, son cerveau n'est pas fait pour suivre un programme scolaire lambda.
J'aimerais qu'un jour, pour les futurs enfants comme ma fille, au sein de toutes les écoles de l'état que l'on puisse s'adapter aux enfants intellectuellement précoces et qu'on ne leur demande pas à eux de s'adapter.
J'aimerais que l'on puisse proposer une instruction personnalisée pour chaque enfant et qu'on puisse les laisser bouger s'ils en ressentent le besoin.
J'aimerais que quand un parent demande de l'aide aux instituteurs, car leurs enfants ne réagissent pas pareil que les autres, qu'on leur recommande des spécialistes.
J'aimerais que les parents soient écoutés et les enfants, réellement, pris en compte!
Au jour d'aujourd'hui, l'instruction en famille a sauvé ma fille, cela a été une bouée de sauvetage pour elle.
Elle est désormais comme toutes les petites filles de son âge, elle dort, ne crie plus pour rien, elle est très sociable et dynamique, mais la différence, c'est qu'elle suit des apprentissages qui lui sont adaptés.
Sûrement qu'elle aurait pu continuer de suivre une scolarité normale, se fondre dans la masse, mais son cerveau aurait été une bombe à retardement et un jour, il aurait explosé.
Certains enfants précoces, sont des enfants adorable à l'école, mais une fois à la maison, font des crises de nerfs, car leur cerveau a dû se formater et gérer des tas d'émotions durant 8 heures d'affilés.
Un enfer pour les parents qui se sentent démunis face à tout cela.
Je dois vous avouer, que je ne veux pas de cela pour ma fille, et même si certains jours, l'instruction en famille ce n'est pas parfait, au moins, j'ai une enfant qui est heureuse de grandir et d'apprendre à son rythme.
Je profite de cet article pour remercier toutes les familles en IEF que j'ai pu rencontrer et qui n'ont jamais fait une seule réflexion quand ma fille criait à leur percer un tympan.
Je remercie sa psychologue pour ses 14 mois de suivi et elle va nous manquer, car oui, mon enfant n'a plus besoin de suivi.
Je remercie notre médecin traitant qui m'a dit que j'avais raison de faire l'instruction en famille, car elle en avait besoin.
Et je profite de cet article pour souhaiter un bon courage à tous les parents qui vivent ou vivront la même chose que moi.
Certains jours, cela est dur, mais je vous assure qu'un enfant intellectuellement précoce cela est finalement un cadeau, car il nous permet de voir les choses totalement différemment.
Et n’hésitez pas à vous faire aider par des spécialistes, personnellement, je ne le regrette pas.